LES VREGENS

Apprenons l’anglais avec la crise

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Deux articles récents vous permettront d’enrichir dans la joie et la bonne humeur votre vocabulaire anglais.

Leçon n°1: le fiscal cliff, une image neutre, vraiment ? Voici ce qu’en dit la BBC:

La « falaise budgétaire » désigne la fin des exemptions fiscales, et les baisses de dépenses publiques qui rentreront automatiquement en vigueur le 1er janvier. Ce qui, selon les économistes, plongerait les États-Unis dans la récession, avec des conséquences mondiales.

Mais le Président et le Congrès tentent de s’accorder sur un train de mesures qui éloignerait le pays de cette « falaise budgétaire ». D’où vient donc cette expression, qui fait désormais partie intégrante des conversations nationales ?

Un éditorial du Chicago Tribune de 1893 parlait déjà de « précipice budgétaire ». Selon le lexicographe Ben Zimmer, c’est une image très ancienne. Mais la nouvelle expression a pris, par analogie avec les « cliffhangers » hollywoodiens (les films ou épisode de séries qui se terminent sur un suspense non résolu). Et les mots « driving off the fiscal cliff » (rouler droit dans le précipice, du haut de la falaise) évoquent la fin du film Thelma et Louise.

L’expression « fiscal cliff » apparaît pour la première fois dans un article du New York Times de 1957 sur les ménages se surendettant pour devenir propriétaires. C’est Ben Bernanke, le chef de la Fed, qui l’a appliquée le premier, en février 2012, à l’échéance du 1er janvier prochain.

Mais cette métaphore aide-t-elle vraiment à comprendre la situation, qui est complexe ?

driving off the fiscal cliff

driving off the fiscal cliff

Ce qui correspondrait effectivement à l’image d’une falaise, ce serait la courbe de la baisse du déficit qui aurait lieu… mais seulement à condition de regarder la courbe sur 10 ans. Derek Thompson, de l’Atlantic, estime donc que cette expression n’aide pas à trouver des solutions sur le court terme. « Elle évoque une chute brutale et mortelle. Mais rien de tel ne va se produire début 2013. » Les gens vont perdre un peu de revenu avec les augmentation d’impôts, et l’État devra trouver où rogner les dépenses. Ça ressemblera plutôt à un régime. « Puis, une petite récession frappera mi-2013, un peu comme si vous faisiez une chute après avoir trop jeûné. » Les mots sont importants car ils risquent d’entraîner des mesures prises uniquement sous l’effet de la panique. Certains Sénateurs Démocrates commencent à se dire que le « fiscal cliff » ne serait pas si mal : l’augmentation des recettes d’impôts permettraient dans un second temps de baisser les impôts des classes moyennes.

Il y a aussi les souvenirs de la crise du « plafond de la dette » de 2011 qui jouent. « Tout le monde parle de la crise du « fiscal cliff » comme si on rejouait l’histoire du « plafond de la dette ». Mais avec cette crise-là, il y aurait vraiment eu des conséquences immédiates très graves si on avait dépassé la date buttoir (des services publics auraient du jour au lendemain perdu leur financement, et donc cessé d’être assurés). Et les gens ont pris l’habitude d’envisager les choses en ces termes. Or là, on est dans une situation toute différente, qui se joue en termes cumulatifs. C’est seulement si on ne fait rien pendant des mois et des mois que la situation sera grave. »

Leçon n°2 : le « too big to fail« , c’est dépassé : voici, expliqué par le New York Times, le « too big to jail » :

C’est un triste jour pour la justice. La banque HSBC ne sera finalement poursuivie ni au niveau fédéral, ni par un État, pour présomption d’important blanchiment d’argent sur une longue période, de peur que des procès ne fassent couler la banque, ce qui menacerait le système financier. (…)

Assistant Attorney General Lanny Breuer

Assistant Attorney General Lanny Breuer

(Lanny Breuer a estimé que révoquer la licence bancaire d’HSBC aux États-Unis pourrait faire disparaître des milliers d’emplois.)

Le gouvernement vient de passer du « too big to fail » au « too big to jail ». Quand des procureurs décident de ne pas poursuivre, comme la loi les y autoriserait, dans une affaire aussi flagrante, c’est la justice qui n’en sort pas grandie. La dissuasion que représente la peur du procès est affaiblie, voire éliminée.

Dans cette affaire, les procureurs aimeraient que l’opinion publique retienne les 1,92 milliard de dollars de l’accord (dont la confiscation de 1,26 milliard), ainsi que l’engagement pris par la banque de réformer ses contrôles internes et de se soumettre à un contrôle extérieur sur les cinq prochaines années. Mais même de telles sommes restent assez peu de choses par rapport à la taille des grandes banques internationales. Et surtout, une fois admis que des poursuites judiciaires sont taboues, les amendes deviennent un élément de leur gestion courante, un facteur de risque à intégrer dans la course au profit. (…)

Et pourtant (malgré tous les rapports, toutes les preuves), au gouvernement on assure qu’il serait contreproductif de punir une banque au point de menacer son existence. Sans-doute. Mais s’il n’y a pas moyen que les banques qui se trouvent au cœur de l’économie mondiale répondent vraiment de leurs actes, il faut les redécouper en entités plus petites et restreindre leur activité, pas les mettre à l’abri de poursuites criminelles.

L’article de la BBC (15 novembre)

http://www.bbc.co.uk/news/magazine-20318326

L’édito du NYT (11 décembre) :

Written by florence

22 décembre 2012 à 10 h 30 min

2 Réponses

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  1. Thanks for the lesson !

    J’ai visionné récemment une émission-débat sur Mediapart à propos de l’évasion fiscale. C’était tout aussi « réjouissant »… and  » good to raise troop morale » !

    😉

    http://www.paradisfj.info/spip.php?article2916

    Juléjim

    22 décembre 2012 at 11 h 57 min

  2. […] Pour illustrer cette petite chansonnette vous pouvez lire cet article instructif de politique internationale […]


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