Nous sommes la Commune
Je (re) lisais hier le deuxième opus de mes amis du Comité invisible, A nos amis.
dont vous pouvez lire un extrait ici
un livre dédicacé
À ceux pour qui la fin d’une civilisation n’est pas la fin du monde ;
À ceux qui voient l’insurrection comme une brèche, d’abord, dans le règne organisé de la bêtise, du mensonge et de la confusion ;
À ceux qui devinent, derrière l’épais brouillard de « la crise », un théâtre d’opérations, des manœuvres, des stratégies – et donc la possibilité d’une contre-attaque ;
À ceux qui portent des coups ;
À ceux qui guettent le moment propice ;
À ceux qui cherchent des complices ;
À ceux qui désertent ;
À ceux qui tiennent bon ;
À ceux qui s’organisent ;
À ceux qui veulent construire une force révolutionnaire, révolutionnaire parce que sensible ;
Sacrément juste, quand on regarde ce qui se passe aujourd’hui dans le pays qui fut jadis celui des Droits de l’homme. Sachant que notre gouvernement de « socialistes » a demandé la permission au Conseil de l’Europe d’y déroger.
Quand on lit dans ce livre (page 233) :
Comment construire une force qui ne soit pas une organisation ? relevant au passage notre incapacité à percevoir les formes d’organisation que recèle de manière sous-jacente tout ce que l’on dit « spontané ».
Suit une description de ce qui s’est passé place Tahrir au Caire, lors du printemps arabe, avant que la dictature se mette en place, avec le soutien (évidemment) des « démocraties » occidentales, dont la nôtre, recevant le général dictateur Al Sissi à grande pompe.
Jamais Le Caire n’a été aussi vivant que durant la première place Tahrir. Puisque plus rien ne fonctionnait, chacun prenait soin de ce qui l’entourait. Les gens se chargeaient des ordures, balayaient eux-mêmes les trottoirs, se souciaient les uns des autres. Ils arrivaient spontanément, et demandaient à quoi ils pouvaient aider, ils allaient à la cuisine, brancardaient les blessés, préparaient des banderoles, des boucliers, des lance-pierres, discutaient, inventaient des chansons.
Et plus loin :
On se souvient de la fameuse lettre de Courbet lors de la Commune : « Paris est un vrai paradis : point de police, point de sottises, point d’exaction d’aucune façon, point de disputes. Paris va tout seul comme sur des roulettes, il faudrait pouvoir rester toujours comme cela. En un mot, c’est un vrai ravissement.
C’est exactement ça.
Parce que dans les Souvenirs d’un révolutionnaire, de Gustave Lefrançais, voici ce qu’on peut lire à propos de la Commune, qui se met en place, au lendemain du 18 mars 1871, et prépare les élections :
Nous sommes la Commune.
Et pendant dix jours, de parfaits inconnus (comprendre pas des politiques installés, tout comme ceux que nous connaissons aujourd’hui), fidèles à leur mandat de conserver la République et non de la gouverner, ont montré que le peuple peut désormais se passer de la tutelle de ceux, qui jusqu’à maintenant, s’étaient déclarés seuls capables de le conduire à ses destinées.
Ils ont même – ces ignorants, comme on les appelle – ils ont même créé une littérature politique révolutionnaire des plus remarquables, tant sont magistrales leurs proclamations, par la clarté, l’élévation et la simplicité du style.
Oui, nous marcherons sur la tête des rois
Enfin, j’ai lu récemment un magnifique article – du genre qui (re)donne la foi, la niaque, l’espoir, l’envie de ne jamais baisser les bras – sur le site Lundi matin, De la ZAD à la Commune de Versailles.
Il raconte le voyage de la caravane partie de Notre-Dame des Landes, et arrivée, état d’urgence oblige, non pas au Bourget, où les puissants étaient gardés par la police, mais à Versailles. Joli symbole.
En 1871, les versaillais avaient écrasé la commune de Paris. Les ZADs sont aujourd’hui comme autant de nouvelles communes libres. Et nous affirmons ici que ces communes ne se laisseront plus expulser. Nous avons contenu les troupes policières à l’automne 2012, et avons mis en défaite les politiciens pro-aéroport. Nous les mettrons en défaite une nouvelle fois s’ils s’entêtaient à revenir dans le bocage de Notre Dame des Landes. Il n’y aura pas d’aéroport, la ZAD continuera à fleurir.
Parce que oui, même dans des contextes où elles paraissaient impossibles, même avortées, les insurrections sont venues. Et malgré la réaction, malgré les lois d’exception, malgré l’état d’urgence, malgré la police aux ordres et revancharde, elles continueront, hors des « organisations » et des partis. Elles viendront des simples gens. Des quartiers jusqu’aux villages. Des ZADs jusqu’aux banlieues.
je m’ demande encore combien de temps Mr le ministre de l’intérieur (de quoi ?) va permettre la parution de ce genre d’article, d’incitation terr…. non j’ l’ai pas dit … m’ enfin !!!
si tu t’ imagines, fillette, ksavaksavaksa …
randal
3 décembre 2015 at 23 h 48 min
L’occasion de rendre hommage aux amis qui ont rejoint la marche sur Versailles avant de rejoindre les copains à Paris dimanche,
Estelle, Philippe, Nicolas, Julien… si vous me lisez, bravo à vous…
alainbu
4 décembre 2015 at 5 h 40 min