LES VREGENS

Ouf !

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Dans une prochaine vie, je me recyclerais bien politologue, ou Madame Irma (ce qui, je vous l’accorde, revient à peu près au même) vu la teneur (et la conclusion) d’un de mes derniers billets.

Comme dans La quatrième dimension, ou comme dans Les Guignols, « vous pouvez éteindre la télévision et reprendre une activité normale. »

Parce que, ça y est, enfin, selon les médias en folie en tous cas, on a enfin un présidu. Enfin un chef. Un truc, quoi. Un pantin pour habiter l’Elysée.

Parce que, même en râlant, tout le monde va bien sagement y aller, pour « faire barrage ». Quitte à recommencer dans cinq ans, mais bon …

Alors, voilà, le (presque futur) chef, il cause là :

Et pis là aussi :

Bon, d’accord, ce blabla inepte, ça m’a surtout fait penser à ça :

Mais assez rigolé, un peu de sérieux, et doncques, Macron…

Marié à mémé Trogneux (ça ne s’invente pas), c’est un jeunot (seul Napoléon le petit avait son âge en arrivant au pouvoir, cré vingt dieux, ça y est, on a élu Napoléon Macron, c’est un signe), il ressemble à un mannequin de grand magasin (je sais, j’l’ai déjà dit) incolore, inodore et sans saveur mais surtout, il est le dauphin du précédent. Oui, je sais, c’est pas sympa pour les dauphins, qui ne nous ont rien fait.…

Petit récapitulatif.

En 2012, en janvier, Hollande-candidat nous déclarait sa flamme :  « Mon véritable adversaire, il n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti, il ne présentera jamais sa candidature, il ne sera jamais élu et pourtant il gouverne. Cet adversaire, c’est le monde de la finance… »  Sans doute que s’il avait affirmé « mes grands potos, c’est les banquiers, et je vous emmerde », pas grand’monde n’aurait voté pour lui. Et pourtant…

Tiens, en décembre 2016, dans le n° 133 de la revue Le 1 , intitulé « la tentation Rothschild », un certain Michel Jacob, ancien DG de la compagnie Rothschild, écrivait que fin 1993, notre bon Hollande, qui venait de perdre son siège de député en Corrèze (le chomdu rend les fins de mois difficiles, comme chacun sait) cherchait du taf, et se serait bien vu recyclé en banquier d’affaires… chez Rothschild. Sauf que pour rentrer dans le saint des saints, il aurait du (horribile visu) renoncer à faire de la politique… On sait ce qu’on a, comme dit le proverbe et le petit épargnant du livret A à 0,05 % d’intérêts. Du coup, il est resté au PS, et cré vingt dieux d’vingt dieux, on l’a élu en 2012. Comme quoi, s’il avait eu les dents moins acérées, hein, notre « président normal », imaginez ce qu’on aurait évité…

Par ailleurs, notre « ennemi de la finance » préféré a aussi commis un bouquin, publié en octobre 1985 chez Lattès, sous le pseudonyme de Jean-François Trans (élégant, non?), titré (sans rire) La gauche bouge (là, ça y est, elle ne bouge plus, ou elle est devenue la droite, au choix) qui montrait assez clairement que l’ultra-libéralisme, ben il n’avait rien contre. Il en était même plutôt tout contre.

Bon, il l’avait pas écrit tout seul (on peut être énarque et n’avoir aucun talent pour l’écriture, j’avoue, je n’ai pas eu le courage de le lire, et il est heureusement aussi épuisé aujourd’hui que son auteur) mais avec quelques potes, dont Jean-Pierre Jouyet (1) (un camarade de la promotion Voltaire de l’ENA), Jean-Yves Le Drian (actuel ministre de la Défense), Jean-Pierre Mignard (avocat) et Jean-Michel Gaillard (Cour des comptes, ENA), avec lesquels il avait aussi créé un machin baptisé « Transcourants » au sein du Parti d’en rire, se réunissant dans une arrière-salle de la maison d’édition P.O.L, propriété d’un certain Jean-Jacques Augier, lui aussi ancien de la promotion Voltaire de l’ENA, le même qui dirigea les fameux taxis G7 de 1987 à 1999, sous l’aile protectrice et initiatrice d’André Rousselet, financier des campagnes électorales, ancien directeur de cabinet et exécuteur testamentaire du dénommé Mitterrand François

Parmi ses copains banquiers et libéraux (et lycée de Versailles), outre le petit Macron, regardons z’un peu ceux qui ont bourdonné (tels des frelons asiatiques) autour de la ruche hollandaise pendant cinq ans :

Certes, l’osmose entre le secteur bancaire et le monde politique dure depuis longtemps.Et pas seulement en Europe. En France aussi , et cela, quelle que soit la « couleur politique » relativement interchangeable, évidemment.

Quelques exemples :

1 – Inspecteur des Finances, Jean-Charles Naouri (lui aussi est passé chez Rothschild) quitte le Trésor en 1982 pour préparer la libéralisation des marchés financiers au sein du cabinet de Pierre Bérégovoy. 

2 – Stéphane Richard (actuel PDG d’Orange) à Bercy, François Pérol (lui aussi a fait un passage chez Rothschild) à l’Élysée, Antoine Gosset-Grainville à Matignon – pilotent au sein des cabinets « le plan de soutien aux banques » (comprendre le sauvetage des banques pourries par les contribuables), en octobre 2008. 

3 – En 2012, la fameuse BPI (banque publique d’investissement) est remise en route, censément pour aider à la reprise de la croissance. Sauf qu’avec seulement 30 milliards d’euros de fonds propres, elle est sous-dimensionnée pour donner réellement un coup de pouce au financement de l’économie dite « réelle ». Faut dire que l’affaire avait plutôt mal commencé lorsque le ministre des Finances, Pierre Moscovici (mais si, rappelez-vous, « le salopard qui pense dans la langue de la finance » ©Mélenchon de la bonne époque ), avait confié la mission de conseil pour le lancement de la BPI à un associé de la banque Lazard, Matthieu Pigasse le « banquier de gauche » (rires) l’un de ceux qui était à la manœuvre pour la « restructuration de la dette grecque », entre autres joyeusetés. 

Et on a assisté après « l’affaire Cahuzac », au même mélange des genres entre les big boss d’UBS France et « l’administration ».

Par exemple, Françoise Bonfante, qui fut entre autres « déontologue » (2) d’UBS pendant toutes les années où cette banque a organisé une évasion fiscale massive (elle était en principe chargée de faire respecter la loi chez UBS) a été nommée à la commission des sanctions de l’Autorité des marchés financiers (AMF), le gendarme de la finance, le 20 décembre 2013, par Moscovici (encore le salopard). Bon, face au scandale (quand même) cette brave dame a été obligée de démissionner, la pauvre.

Mais le 15 janvier 2014, UBS France nommait Agnès de Clermont-Tonnerre (promotion Voltaire de l’ENA, la même que celle de tonton François le numéro 2) au poste de directrice des risques et de la conformité pour l’ensemble des entités de la banque suisse dans l’Hexagone, c’est-à-dire au poste de Françoise Bonfante …

Comme quoi, on les vire par la porte, ils reviennent par la fenêtre…

Cinq ans plus tard, ben voilà … Après Papandréou, Mario Monti, Mario Draghi, Barroso, tous de chez Goldman-Sachs, ben nous aussi (y’a pas de raison) on aura un ancien banquier (de chez Rothschild) aux manettes.

Au moins les choses sont claires.

Bon, une raison de se marrer quand même. C‘est que tous ceux qui m’ont vouée aux gémonies quand j’ai annoncé que je ne participerai plus au cirque, même en faveur des prétendus « insoumis », ben aujourd’hui, c’est eux qui vont, soit voter pour le banquier à cravate, passque tu comprends, « houlà, le fascisme », soit s’abstenir

Demandons aux grecs ce qu’ils en pensent, du « fascisme à visage humain » de la troïka, qui fait crever les gens, oh, pas dans des geôles immondes, hein, mais à petit feu, les gosses de faim dans les écoles, les vieux de maladie parce qu’ils ne se soignent plus …

Et en conclusion, un petit rappel :

 

(1) Jean-Pierre Jouyet a été secrétaire d’État chargé des Affaires européennes dans le gouvernement Fillon, en 2007, puis président de l’Autorité des marchés financiers (AMF) de 2008 à 2012. Il devient directeur général de la Caisse des dépôts et consignations et président de la Banque publique d’investissement (BPI) entre 2012 et 2014. Le 16 avril 2014, il est nommé secrétaire général de la présidence de la République.

(2) J’ai découvert que ce truc là existe bien. Si, si, il y a un « déontologue » à l’assemblée nationale. On se demande à quoi il sert, vu le nombre de scandales, d’affaires, de petits arrangements entre potes de tous bords, etc. La preuve. Il s’appelle Ferdinand Mélin-Soucramanien, et il est aussi professeur de droit à l’université de Bordeaux. Et d’après le Canard Enchaîné du 1er mars, il n’a jamais demandé l’autorisation de cumuler ces deux casquettes. A sa nomination comme « déontologue » (pardon, mais ça me fait rire) il avait obtenu une décharge de la moitié de ses 192 heures de cours annuelles. Or, selon l’hebdomadaire satirique, il continue de toucher la totalité de son salaire d’universitaire, soit 70 000 euros annuels. Une somme à laquelle s’ajoute la rémunération de l’Assemblé nationale : 42 000 euros par an. Bref, une éthique de choc, peut-être, mais une éthique en toc, surtout. Juste pour rire (encore un peu) il estimait il y a peu que « les activités de François Fillon ne relevaient pas du conflit d’intérêts ».

 

Written by Gavroche

27 avril 2017 à 11 h 09 min

Publié dans Actualité en France

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10 Réponses

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  1. « Demandons aux grecs ce qu’ils en pensent, du « fascisme à visage humain » de la troïka, qui fait crever les gens, oh, pas dans des geôles immondes, hein, mais à petit feu, les gosses de faim dans les écoles, les vieux de maladie parce qu’ils ne se soignent plus …  » oui, je me fais assez souffler dans les bronches parce que j’ose dire que micron-la-gourmette-en-or, franchement, question fascisme du fric, c’est pas moins facho que le fascisme de la chemise brune, et donc #nilepennimacron, et toutes les variations, pour apprécier à sa juste valeur ce §. pour moi c’est évident, et pour tous les gens qui sont sensibles au sociocide grec, dont toi. en plus, si on s’en tient à quelques preuves de fascisme en grèce, c’est même pas par facilité de langage, c’est une version de fascisme réel : par exemple le déni de démocratie parlementaire, c’est bien le cas en grèce, dont la vouli doit demander l’imprimatur de l’eurogroupe avant de légiférer, par exemple le déni des droits élémentaires humains, un toit, du travail, des soins, une éducation, de la bouffe, pour la population grecque, parce qu’à côté de quelques salopards qui s’en foutent plein les poches avec cette crise, ce sont des millions de gens qui se posent chaque matin la question de savoir ce qu’ils boufferont le soir et où ils dormiront.
    on me souffle dans les bronches quand je dis micron/lepHaine = peste ou choléra, « oui, mais quand même, macron c’est pas vraiment ça », ben si, c’est ça : le néo-libéralisme ne supporte pas la démocratie, la vie parlementaire, les constitutions nationales. alors ok pour les gens qui veulent mourir de peste, ou ceux qui veulent mourir de choléra. mais enfin le mieux ce serait de crever ni de l’un ni de l’autre mais debout, à lutter pour les humains, pour la nature, et pour la liberté d’être et de penser
    merde alors
    des baisers ma gavroche

    zozefine

    27 avril 2017 at 11 h 28 min

  2. EXTRA c’est exactement ce que je n’ai pas su écrire.T’as pompé, je présume !

    Je suggère : cré vains dieux d’vingt dieux ou l’inverse !

    Plein de bises à vous deux.Jean-Louis

    papounic

    27 avril 2017 at 12 h 03 min

  3. Je vais probablement te décevoir mais , et ceci bien que je vomisse les magouilles de la finance qui fait du fric avec le fric en écrasant les peuples, je vais sans joie et sans illusion, apporter mon vote à Macron. Il ne me plait guère, mais a minima, il n’est pas raciste comme les salopards qui dirigent le FN. C’est un choix tactique. Je ne peux pas et ne veux pas me retrouver avec un gouvernement d’extrême-droite qui sera composé de voleurs corrompus. Oui, je sais, derrière l’autre il y a aussi de grands voleurs. Mais je tente le pari de barrer la route au fascisme en me disant que si Macron merde on pourra toujours descendre dans la rue, se foutre en grêve ( enfin moi qui suis chômeur j’aurais du mal 🙂 ) et que cela donne cinq ans de plus pour lutter et essayer de bâtir autre chose. Ces élections ont eu au moins le mérite d’exprimer un ras le bol de cette caste dirigeante arrogante. Il faut continuer à analyser, lutter et imaginer. Et j’ai bien peur qu’avec le FN ( notre Aube dorée à nous pour rester dans la perspective grecque) ça va être tout de suite très brutal. Dans ma famille il y a des noirs, des asiatiques, des maghrébins et je n’ai pas envie qu’une bande de nervis fachos leur pète la gueule pour « fêter » leur arrivée au pouvoir. Choix tactique. Je ne sais pas si j’ai raison mais le FN c’est filer le pouvoir à des identitaires voire pires. Salutations …. Et si c’est vraiment la merde on se retrouvera sur les barricades.

    Riccardo

    27 avril 2017 at 12 h 41 min

    • alors franchement je fais aucune différence entre le racisme « visible », anti arabe, anti juif anti rrom anti noir, etc. (en gros tout ce qui est visiblement différent) et le racisme anti pauvres anti pedzouilles anti édentés anti vieux anti pas pareils, et ce racisme là, il est tellement énorme, tellement évident, et aussi tellement social-démocratie-compatible que les gens le voient pas. tu le vois pas le racisme dans *les jeunes veulent être millardaires* ? (avec son ancêtre de la rolex à 40 ans). tu mentionnes les grecs, mais allons-y côté racisme, tu te rappelles pas les fraudeurs, menteurs, cigales, paresseux, voleurs, qui claquent le gentil pognon des gentils européens en putes et en schnaps ? c’est pas qu’il faut préférer l’un ou l’autre, c’est la même chose : donc oui, seul le rapport de force au parlement et dans la rue peut permettre notre survie, quant au reste, qu’ils se démerdent entre eux.

      zozefine

      27 avril 2017 at 13 h 32 min

    • Je suis totalement largué entre votre position (j’ai aussi une famille bigarrée) et celle de Gavroche, ça m’empêche même de dormir la nuit.
      Petit bémol à ta chronique chère Gavroche, Ridicule tv est une chaine créée par l’équipe de campagne de Fillon avant le premier tour.

      alainbu

      27 avril 2017 at 13 h 35 min

      • Et pour Alain :
        J’avions point vu.
        Il n’empêche, moi, ça m’a fait rire.
        Et en ce printemps morose, ça fait du bien !

        Gavroche

        27 avril 2017 at 14 h 23 min

      • note, il y a UNE solution : écouter ce que dit micron (si on arrive à comprendre) (justement…) : ça demande un certain effort, voire quelques sacrifices nerveux, mais l’écouter, et jauger : il est vraiment moins pire ? ne pas louper le débat entre les deux. soit il te semble effectivement moins pire, soit décidément tu n’as envie ni du monde que lepHaine propose ni du monde que micron propose. mais bon, je suis pas d’accord avec ce que les gens disent des élections présidentielles sous la Vème, le 1er = adhésion, le 2d = rejet de celui pour lequel on vote pas. en plus c’est même pas vrai puisque les gens ont voté « micron utile » dès le 1er tour. bref attends le 7 mai… tout le monde a pas la chance de ma voisine de l’île en face, une bonne excuse : elle a fait le déplacement pour le 1er tour à athènes, mais ça coûte super cher, c’est long, claquant, donc elle refera pas le truc au 2ème tour (encore que ça aurait été méluche – X, je parie qu’elle aurait fait le déplacement 😉 )

        zozefine

        27 avril 2017 at 14 h 24 min

    • Salut et fraternité, Riccardo !
      Pas de problème, chacun fait comme il le sent.
      Ça ne nous empêchera pas de nous battre ensemble …

      Gavroche

      27 avril 2017 at 14 h 21 min

  4. merci gavroche pour ce lien ! et pardon, oui, riccardo, si j’ai l’air brute de décoffrage. je le suis. mais c’est vraiment pas une attaque perso. chacun fait comme il sent. tout le problème étant que pour décider, il faille oublier et même cacher une partie de la réalité. et pas forcément la plus marginale.

    zozefine

    27 avril 2017 at 14 h 37 min


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