Archive for the ‘Grèce’ Category
No future
Je lisais ce matin le dernier article de Panagiotis Grigoriou, intitulé Tutoyer le réel, et relatif à la situation actuelle en Grèce.
Il y relève deux choses qui me paraissent essentielles, parce qu’elles pourraient parfaitement être transposées ici :
DOSSIER TAIPED – ETAD – GSPP – FEK / I
Pour des raisons purement informatique et facebookienne, je suis obligée de passer par ce blog pour faire un dossier GSPP/FEK/ETAD-TAIPED. Désolée pour le dérangement. Celui des lecteurs du blog et celui des membres du goupe FB dédié à la pétition (https://www.facebook.com/groups/722039637925610/).
De ce côté-ci de l’UE, les choses bougent. De nouveaux partis émergent des restes fumants de Syriza, des comités anti-memorandum se forment, il y a des manifs, et on ne risque pas de se tromper en présageant une rentrée torride. Et puis, côté pétition, le renfort inespéré de Maria Ts., à la fois helléno-francophone, chien de chasse et lanceuse d’alerte, et qui m’en a appris de bien belles en quelques conversations et quelques mails, m’a plongée à la fois dans l’usine à gaz des biens publics mis en vente par le TAIPED, mais aussi dans la plus extrême perplexité et l’envie de creuser la question, pour que notre pétition soit extrêmement bien ciblée. Lire le reste de cette entrée »
La campagne du referendum, telle que les grecs l’ont vécue
AUJOURD’HUI, MES PRIERES AUX DIEUX DE L’OLYMPE TIENNENT EN UN MOT : OXI
Léros – les gens et la collecte
Il est 20h, je parque la voiture, comme toujours, je stresse à l’idée de ne pas trouver l’adresse, 13 rue des Thermopyles, pas moins, mais c’est facile : un grand local d’angle ouvert sur la rue, rempli de sacs plastique pleins, de cartons et de gens à la bonne bouille… ouf, ils m’aident à porter mes sacs. Ils me servent un grand verre d’eau glacée. On discute.
Don Quichotte et les moulins à vent
Cent fois sur le métier remettez votre ouvrage…
Jamais proverbe n’a été davantage d’actualité.
Parfois, je me dis, à quoi bon ? Je me sens comme Don Quichotte, qui se battait jadis contre les moulins à vent, sous les yeux étonnés de son ami Sancho Pança.
Je me dis qu’en ce qui me concerne, fini, rideau. Fin de l’histoire. Devenir contemplative. Faire comme Brigitte Bardot, défendre les animaux, parce qu’un autre proverbe dit « plus je connais les humains, plus j’aime les animaux ». Cultiver son jardin, au sens propre et figuré, devenir égoïste, « quand tout s’agite autour de vous ».
En France, les « socialistes » ont désormais les pleins pouvoirs. Ils ont les régions, le Sénat, et l’Assemblée où ils disposent à eux tous seuls d’une majorité. C’est la vague rose, il paraît. Vous imaginez, une vague rose, genre rose flashy, qui vous arriverait sur la gueule, sirupeuse. Beurk.
Bref, « la volaille qui fait l’opinion » annonce sans rire que désormais, le nouveau Pinocchio de l’Élysée a les mains libres pour « affronter la crise » avec ses petits bras. Vu qu’il est bras ballants sur la photo officielle, la crise n’a qu’à bien se tenir, sûr et certain qu’il va la fracasser, la crise.
En Grèce, c’est finalement la ND, l’équivalent de notre UMP, qui a remporté les élections d’hier. Entre autres, en surfant sur les mêmes saloperies que chez nous, la haine de l’étranger. Avec deux points de plus que la gauche baptisée « radicale », la droite va donc constituer un gouvernement, vu que la loi grecque accorde un bonus de 50 sièges au parti qui arrive en tête.
Seule différence, pour le moment, chez nous, les bronzés ne se font pas encore lyncher dans les rues par les fachos et/ou par les flics. Chez nous, ils se font toujours expulser, et retournent gentiment mourir discrètement chez eux. Chez nous, on a encore de quoi mettre un peu d’essence dans la bagnole, on peut encore recevoir les soins de base. Pour les dents et les lunettes, vous repasserez. Trop cher. Les vacances aussi, trop cher.
Le peuple est con. Ce n’est pas nouveau. Les pauvres votent à droite, c’est pas nouveau non plus. Le peuple a besoin d’être dans le caca pour bouger.
Il faudra donc attendre. Que la terre soit un champs de ruines, la mer une poubelle, la biodiversité un souvenir, que le règne du soleil vert arrive, que le fascisme revienne, pour que les gens comprennent ce qu’il est. Parce que celui d’avant, les gens l’ont oublié. Les résistants d’hier sont tous morts, ou presque. Théodorakis, lui, est grillé : il est antisémite, il paraît.
Tiens, à propos, on voit partout des images horribles d’enfants morts en Syrie. La « communauté internationale », cette vieille pute décatie, « s’indigne », et prépare une « intervention… »
Alors que curieusement, on ne voit nulle part les enfants de Gaza.
Ni ceux du Niger, où Areva, ce fleuron français, fait des affaires. Ou du Cameroun, où c’est Bolloré qui gagne des sous. Plein de sous. Ou en Tchétchénie, ou Poutine est allé « chercher les terroristes jusque dans les chiottes », il avait dit. Mais il a Gazprom, Poutine. Alors… Business.
En attendant, ce matin, « les bourses européennes » ouvrent en hausse.
Grèce: attention… espoir!
À contrecourant des sonnettes d’alarme tirées de toutes parts, depuis les élections, devant le « risque » que la Grèce n’honore pas ses engagements, voici un article qui y voit une lueur d’espoir… mais à certaines conditions. Et si la Grèce, de statut de mauvais élève, était sur le point de devenir l’avant-garde?
L’auteur, Costas Lapavitsas, est un économiste d’origine grecque basé à Londres. Et le texte (cela vous surprendra-t-il?) est paru dans le Guardian. Traduction:
La Grèce dans la dèche
John Henley, journaliste au Guardian, vient de passer une semaine en Grèce, parti à la rencontre des « vrégens » de là-bas, ceux qui, à Athènes et Salonique, prennent les mesures d’austérité en pleine poire.
En attendant un article de fond, annoncé pour très bientôt, il a publié une série de courts billets qui relaient directement leurs voix.
La seule énumération des titres de ces billets donne la mesure du drame qui se joue, si près de chez nous, non : chez nous :
Sous la colère, la solidarité
On jette des femmes enceintes SDF à la rue
Les enfants d’Athènes ont trop faim pour aller en cours de sport
Un étudiant finit par se résoudre à aller à une distribution de pommes de terre
Comment les restes deviennent des repas
La Grèce reste un lieu de vacances sans danger
Les bénévoles de l’éducation
On a vu notre avenir partir en fumée
Le sida et le paludisme remontent
Le dépistage néonatal menacé
Les échanges non monétaires se répandent
Nourriture à prix cassés à Patras
L’alerte au paludisme risque de nuire au tourisme
Le problème, ce n’est pas la violence, c’est le désespoir
Des médecins bénévoles pour ceux qui n’ont plus d’accès aux soins
Le théâtre qui fait payer les billets en nourriture
Le « mouvement des pommes de terre » : directement de l’agriculteur au consommateur
Aujourd’hui, c’est le dernier billet. John Henley remercie ceux qui lui ont parlé :
« On m’a suggéré des histoires à couvrir, des sites à lire, on m’a envoyé des adresses, des numéros de téléphone d’amis et de parents, on m’a répondu quand je cherchais des contacts, on m’a abondamment raconté des expériences personnelles.
Des histoires ont été racontées, des voies entendues, qui sans vous n’auraient pas pu l’être. »
John Henley a couvert depuis des années plusieurs pays d’Europe pour le Guardian. Il permet ici à des anonymes de se faire entendre. À partir de ces fragments, pourtant, un vrai discours prend forme. Tout le contraire d’un éditocrate en somme.
La série complète:
http://www.guardian.co.uk/world/series/greece-on-the-breadline
Jetez donc votre ceinture!
Paul Krugman écrit de très sérieuses analyses anti-austérité. Sa dernière chronique dans le New York Times explique par le menu que la Grèce ne montre pas ce qui se passe quand on a trop de dettes, mais ce qui se passe quand on veut réduire ses dettes trop brutalement.
Les fous de Léros, toutes ces bouches inutiles…
with 14 comments
Léros est une toute petite île du Dodécanèse, aux confins de la mer Égée.
C’est sur cette île que fut établi, en 1959, l’asile de Léros, dans les bâtiments militaires abandonnés par les italiens après la deuxième guerre mondiale.
Le but étant de rassembler dans un même lieu tous les patients psychiatriques provenant de l’ensemble des institutions de santé mentale de Grèce, et considérés comme « incurables ».
L’asile s’est vite développé et dans les années 80, plus de 4.000 personnes y étaient détenues. Des prisonniers politiques y ont également été emprisonnés pendant la junte militaire (1967-1974).
Les conditions de vie épouvantables de l’asile de Léros reflétaient les conditions de vie des autres « hôpitaux de santé mentale » du pays.
Félix Guattari avait dénoncé cette situation dans De Leros à La Borde, précédé de Journal de Leros sorti en 1989, et réédité cette année aux éditions Lignes.
Vous trouverez ici ici ce qu’il a découvert à Léros.
Photo Alex Majoli, 1994
Photo Alex Majoli, 1994
Et voilà que, vingt ans après la mise en place de la « réforme psychiatrique » en Grèce – une réforme qui n’a jamais vraiment eu lieu – le risque est grand que des personnes mentalement malades se trouvent obligées de retourner dans le confinement psychiatrique, pour cause de coupes budgétaires dans les structures de réhabilitation psychosociale.
Ainsi, fin août 2011, le Ministre de la Santé grec annonce sa décision : une réduction de 50% du budget est prévue pour 2011, pour les structures de santé mentale du Programme de la Réforme Psychiatrique, appelé « Psychargos ». Il n’y a tout simplement plus d’argent, et ça fait des mois que les travailleurs du secteur ne sont plus payés.
Cette décision concerne 210 structures de santé mentale, pensions, hospices, appartements protégés, CPMS, hôpitaux de jour etc., plus de 3000 salariés, 1 500 malades mentaux qui vivent dans ces structures, sans compter les milliers des personnes (environ 35.000) usagers de ces services jusqu’à présent gratuits.
Les conséquences ne se font pas attendre : des licenciements et des « mises en réserve » du personnel, des fusions, voire des fermetures de certaines structures, et le retour des malades mentaux dans des asiles psychiatriques comme celui de Daphni, à Athènes, ainsi que des rumeurs de réouverture totale du mouroir de Léros.
On en est là aujourd’hui, le gouvernement grec ayant décidé des « priorités », certaines vies valent d’être vécues, d’autres non.
lien
Pauvres, vieux, malades, migrants, tous ces bouches inutiles…
Dans cet article du Guardian (traduit par mes soins, pardon pour les erreurs éventuelles) daté du 12 juin, on peut lire :
Ces deux dernières semaines, le gouverneur de l’hôpital psychiatrique de l’île de Léros, dans le Dodécanèse, a été obligé de négocier avec les fournisseurs, pour maintenir les livraisons de nourriture, malgré une incapacité presque totale à les payer. Ces livraisons s’étaient arrêtées pendant une semaine, après quoi Yiannis Antartis a trouvé de quoi payer 15.000 euros à chaque fournisseur – assez pour les encourager à recommencer leurs livraisons, mais loin d’être suffisant pour couvrir les dettes totales de l’hôpital auprès d’eux, qui s’élèvent à 1,25 M €.
Antartis sait qu’il a environ un mois pour trouver de quoi payer les dettes de l’hôpital, et protéger ainsi les 400 patients, qui ont une gamme importante de pathologies, de la dépression à la démence, en passant par la schizophrénie. L’hôpital a environ 13 M € de dettes auprès des caisses d’assurance maladie, il envoie déjà les échantillons pour analyses à des laboratoires privés faute d’installations suffisantes, il en sera bientôt à se battre pour les bases, a déclaré le gouverneur.
« Si nous ne recevons pas d’argent dans les trois à cinq semaines, nous allons avoir un vrai problème, pour la nourriture, les médicaments, les fournitures hospitalières, les bandages, et même le matériel de base »dit-il. « Toutes les installations de l’hôpital vont commencer à tomber en panne ».
« Ma principale préoccupation est de recevoir assez d’argent à partir des fonds d’assurance de l’État, juste pour payer certaines factures en suspens, juste pour être en mesure de faire fonctionner l’hôpital. Je suis vraiment inquiet, car si nous ne recevons pas d’argent, l’hôpital ne pourra pas fonctionner normalement.»
Sa position a été confortée par la directrice d’un hospice d’État dans le quartier de Kypseli, à Athènes, qui a déclaré la semaine dernière que, outre la pénurie de médicaments et l’incapacité de payer les factures d’énergie, l’institution de Léros n’avait pas de viande depuis le 1er juin.
Yannis Antartis est le gouverneur de l’hôpital depuis les années 1980, à l’époque où on avait découvert les conditions de vie des patients, nus et enchaînés à leurs lits … Il est catégorique: l’institution est viable. En 1988, explique t-il, 1.600 patients étaient «entassés» dans les salles, et pris en charge par un personnel moins nombreux qu’aujourd’hui. Actuellement, 120 des 400 patients peuvent vivre une vie relativement normale en dehors de l’hôpital.
Mais, la semaine dernière, Antartis était si préoccupé par son approvisionnement, qu’il a écrit au ministère de la Santé et aux principaux partis politiques, avertissant que les patients étaient victimes de malnutrition. Depuis, il a réussi à obtenir des fournitures, et a rencontré le ministre de la santé par intérim, qui, dit-il, a fait preuve de compréhension et a promis 150.000 € d’ici la fin juin.
«Mais le ministre a souligné que les caisses d’assurance n’ont pas d’argent et que les hôpitaux doivent économiser chaque centime pour pouvoir continuer», dit Antartis. Compte tenu de l’énormité des dettes, et de leur taux d’intérêt très élevé, 150.000 € ce n’est pas grand chose…
Yannis Antartis est soulagé d’avoir réussi à résoudre – même temporairement – le problème des approvisionnements alimentaires, sans que les patients réalisent que quelque chose n’allait pas. Mais il reste préoccupé, en particulier sur les fournitures médicales, car c’est un domaine où la communauté des habitants de Léros, même active et charitable, ne sera pas en mesure d’aider. «Je pense que les gens nous aideront avec de la nourriture», dit-il. « Mais même ça risque de devenir un problème à la longue, parce que, pour combien de temps vont-ils pouvoir aider? »
Léros, la liberté est thérapeutique (2003, sous-titré en anglais)
Documentaire d’Andreas Loukakos sur l’asile psychiatrique de Léros, fermé il y a 20 ans.
*************
Au-delà de tout ceci, je me dis, que finalement, nous, les « normaux » n’apportons que des réponses « techniques » au « problème du handicap ». Ainsi, les bâtiments publics, quels qu’ils soient, les mairies comme les chambres d’hôtes, doivent être « aux normes » pour « accueillir les handicapés ». Enfin, disons plutôt, leur fauteuil roulant.
A l’arrivée, ça empêchera la plupart des handicapés – moteurs en tous cas – d’accéder à plein d’endroits. Vu qu’il n’y a plus de pognon pour ça. On fermera les écoles, plutôt que de les « adapter ».
Mais l’humain, dans tout ça, il est ou ? …
Quant aux handicapés mentaux. Alors là. Imaginez, un matin, dans une rame de métro, une bande de brindezingues bavant, criant, souriant, chantant, débraillés, ébouriffés … Du coup, la rame de métro se vide, ou alors tout le monde est tout d’un coup très occupé à taper sur son portable, les regards se font fuyants…
Imaginez, l’un de ces hurluberlus s’approche de vous, et comme vous êtes plutôt jolie, et que vous lui plaisez, il sort son zizi pour vous le montrer… Il ne sait pas que « ça ne se fait pas »… Dans la France de Sarkollande, comme dans la Grèce de la troïka, on va l’enfermer celui-là, le cacher, loin avec des autres comme lui, comme ce berger qu’on a enfermé pendant trois ans pour une gifle …
Comme ce nouveau préfet de Moselle, Nacer Meddah, secrétaire général de la campagne présidentielle de… François Hollande, qui vient d’expulser une famille kosovare.
Migrants, pauvres, vieux, fous, toutes ces bouches inutiles…
Written by Gavroche
30 juin 2012 at 16 h 04 min
Publié dans Actualité en France, Actualité internationale, Grèce
Tagged with asile psychiatrique de Léros, comment on traite les malades mentaux en Grèce, crise grecque, La stratégie du choc, politique de santé