Archive for the ‘Education’ Category
Y’aura t-il encore des poètes ?
J’en doute. C’est inutile, un poète. Pas raisonnable.1968, ça fait un bail. Hélas.
De l’échange de commentaires sur mon dernier billet à propos des neurosciences, j’ai tiré la conclusion que le célèbre « grand débat » sur un sujet fondamental n’est finalement toujours pas réglé : celui de l’inné (la biologie) et de l’acquis (la sociologie).
Souvenirs de l’école d’avant
Ce matin en buvant mon café, je lisais le dernier numéro du Diplo, et notamment l’article de Gilles Balbastre, C’est toujours la faute à l’école.
Il causait, évidemment, de ce qu’était devenue « l’école républicaine » dans les quartiers, tout ça sous un gouvernement « socialiste ». Et bien sûr, des réactions – paroles divines reprises en chœur par les médias – de nos bons ministres à la suite des attentats de janvier, l’école étant censée réhabiliter et plus vite que ça « ses rites » et « ses symboles »(hymne national, drapeau, devise…)
Ça m’a fait penser aux écoles militaires, à la levée des couleurs au son du clairon, au merveilleux livre d’Yves Gibeau Allons z’enfants, à Pétain (Travail, Famille, Patrie) et aux scouts, et à Zéro de conduite.
Et puis, Gilles Balbastre raconte ses rencontres avec les professeurs de ces établissements réputés « difficiles », à Roubaix, et à Marseille. Dans mon lycée à moi, le Lycée Saint-Exupéry (baptisé Lycée Nord). Il fut le lycée de Gabrielle Russier, que tout le monde a oublié aujourd’hui. Il fut aussi celui de « la meilleure classe de Marseille » (la mienne, si, si) devant le lycée des riches (le Lycée Thiers, si bien nommé, en plein centre ville). Preuve que les enfants de pauvres peuvent faire aussi bien que les autres, sinon mieux. Même sans le matraquage sur la défense des « valeurs de la République ».
« L’arbre à pluie » : un album pour petits et grands !
Ce mardi 24 juin 2014 j’ai passé une dernière journée pour l’année scolaire en cours dans une école primaire de mon quartier, en tant qu’animateur bénévole de l’association « Lire et faire lire ». Nous avions convenu, avec les enseignants et enseignantes concernés, que je présenterais à chacun des groupes (6 au total) le même album : « L’arbre à pluie » de Agnès de Lestrade et Claire Degans, édité aux éditions Milan.
Cet album est si beau ─ l’histoire est écrite à la manière d’un conte et les illustrations évoquent magnifiquement l’atmosphère à la fois lumineuse, asséchée et vaporeuse du désert saharien ─ que je ne résiste pas à l’envie d’en faire la promotion ici !
(1 + 1) = 1… ou l’équation improbable
Oui, le dernier film de Spike Jonze accorde une place prépondérante à l’intelligence artificielle ; oui, le spectateur peut avoir l’impression d’assister à un récit de science-fiction, genre Blade Runner par exemple ; certes, la plupart des critiques s’attardent volontiers sur la vie numérique des protagonistes et leur mal de vivre à la fois réel et virtuel…
Pourtant, ce qui m’est apparu central dans ce film c’est d’abord une réflexion sur le couple. Le couple et la durée sont-ils des notions inconciliables ? l’amour en couple est-il une utopie ? aimer est-il un pure folie ? le temps est-il inexorablement un tue l’amour ?…
« La Cour de Babel » : c’est la classe !
Le superbe et lumineux documentaire de Julie Bertuccelli se déroule entre les murs d’un collège parisien du 10e arrondissement, mais ce n’est en aucun cas une sorte de remake du « Entre les murs » de Cantet/Bégaudeau.
« C’est quoi la question ? »
Il en va de la littérature pour la Jeunesse comme de celle destinée aux adultes : le bon côtoie le moins bon et plus souvent, le pire. Qu’il s’agisse des textes, des thématiques ou des illustrations, les éditeurs et les auteurs de livres pour enfants visent rarement très haut, considérant manifestement les jeunes lecteurs plus comme des consommateurs potentiels que comme de futurs citoyens.
Mais alors, à quoi bon apprendre à lire ? à quoi bon lire des livres, si c’est pour y retrouver la banalité d’un quotidien que d’aucuns s’efforcent de nous présenter tellement « normal », tellement intangible, que beaucoup d’entre nous ne perçoivent même plus l’urgente nécessité d’en changer ?
« Bienvenue dans l’Angle Alpha ! »
Je ne cacherai pas longtemps une certaine inquiétude du billettiste, à l’entame de ce texte. D’abord, il s’agit d’une pièce de théâtre (qui va encore au théâtre aujourd’hui ?), un spectacle strictement parisien qui plus est ! du moins pour l’instant…
Ensuite, lorsque j’aurai dit que l’entreprise théâtrale de la scénographe (Judith Bernard) et de son inspirateur (l’économiste et philosophe Frédéric Lordon) a consisté à adapter, en le mettant en scène, un ouvrage intitulé « Capitalisme, désir et servitude. Marx et Spinoza », j’entends déjà le bruit des pas dans l’escalier de tous les fuyards potentiels !
Néanmoins, je vais tenter de retenir ton attention, lecteur éventuel, de passage par ici, et, pourquoi pas, te donner envie d’y aller voir par toi-même, un de ces soirs de janvier ou de février, un mardi ou un mercredi, au théâtre de Ménilmontant, rue du Retrait Paris 20e (ou via BilletRéduc).
« Grâce et dénuement » d’Alice Ferney
« Deux français sur trois sont contre le retour de Leonarda en France« (sondage BVA/i-télé) ; « le front républicain perd la face devant le front national« (Brignolles) ; « Les Roms harcèlent les Parisiens ! (NKM) » ; « seule une minorité [des Roms] cherche à s’intégrer » … leur « mode de vie » est en « confrontation » avec celui des populations locales. »(Manuel Valls)
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Si, comme moi, les oreilles vous sifflent à force d’entendre le tam-tam médiatique qui désespère, ce roman d’Alice Ferney, édité chez Actes Sud en 1997, vous est vivement conseillé ! En situant son récit au cœur d’une communauté gitane, sans rien nous épargner de l’âpreté, de la dureté, de l’étrangeté parfois, de l’entêtement communautaire aussi de ces gens que l’on dit « du voyage » (même lorsqu’ils se sédentarisent par la force des choses), cette auteure, à l’écriture somptueuse et subtile, parvient à créer une espérance qui redonne foi en l’humain.
J’avais envie…
… de vous parler du grand film qu’Arnaud Desplechin a consacré à cette immense figure de l’ethnopsychiatrie, Georges Devereux. Son titre : « Jimmy P. » En sous-titre : « Psychothérapie d’un Indien des Plaines ». (titre éponyme du livre de Georges Devereux publié en 1951 aux Etats-Unis).
… et puis voilà qu’hier, j’apprends la disparition de Jean Véronis, ce génial linguiste qui a su si bien faire parler les discours des humains en faisant parler les ordinateurs de ce que disaient, sans avoir tout à fait conscience de le dire, ces mêmes humains.
Aujourd’hui, c’est la mort d’Albert Jacquard qui me frappe en plein cœur. 87 ans, certes, mais tout de même ! l’homme a beaucoup fait, pour la science de la génétique, pour la transformation de l’Ecole, pour la condition des mal-logés, des sans-abris, des sans-papiers… de tous les « sans » de la Terre !… et il reste tant à faire, doit-il penser désormais. Lire le reste de cette entrée »
Sacré Jean-Jacques !
Il y a une vingtaine d’années, le jury de l’épreuve professionnelle du concours externe de recrutement des professeurs d’école (C.E.R.P.E) devant qui je me présentais pour intégrer plus rapidement le corps des P.E, me demanda de décrire mes pratiques pédagogiques du moment, tout en précisant l’essentiel de ma philosophie éducative. Au terme de mon bref exposé l’un des examinateurs eut cette réflexion : « Et bien ! c’est très rousseauiste tout ça, dites-moi ? »
Je n’ai pas gardé le souvenir précis de ce que j’ai alors pu répondre (à part que j’assumais mes dires et mes pratiques, sans doute) mais je sais ne pas avoir reçu cette remarque, enveloppée dans un sourire condescendant, comme un compliment.