LES VREGENS

Si j’étais le lideur de la cégète

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Bon, vous allez me dire, ça y est, Gavroche a sorti sa boule de cristal. Elle nous l’avait dit, la loi travail passera, épicétou (voir mon précédent billet). D’ailleurs, le petit gros qui nous sert de (p)résidu nous l’a répété hier : « C’est comme ça et pas autrement, et allez hop, à la niche. »

Mais bon, c’est pas pour ça aujourd’hui que je viens vous causer.

C’est que l’autre soir, j’ai encore eu envie de casser la télé. Je sais, ça devient une habitude.

Parce qu’au jité de la 2, l’inénarrable gueule-de-raie- laisse d’or Pujadas « interrogeait » Philippe Martinez, le nouveau boss de la CGT. C’est là :

Extrait du journal de la 2

(au passage, ça m’a rappelé l’interrogatoire de Xavier Mathieu, c’était en avril 2009)

Vous noterez les mots utilisés :

Pour le larbin qui présente le journal, c’est la CGT qui « durcit le conflit » en vue de la « paralysie du pays » et cela alors « qu’il y a de moins en moins de monde dans les rues » (ils sont cons, à la cégète). Cette « radicalisation », est-ce que ce ne serait pas « pour contrer la baisse des scores de la CGT aux élections professionnelles » ?

 

affiche CGT info com

Et ces affiches anti-police, qui ont choqué (qui ont choqué qui, il ne le dit pas) et qui sont un « encouragement pour les casseurs », vous les condamnez ?

Et ce brave Martinez de répondre benoîtement :

« Ces affiches n’émanent pas de la CGT, mais d’un syndicat de la CGT (en fait, Info/com CGT). Les violences policières, c’est parce qu’il n’y a pas les bons ordres quand il faut, c’est le manque d’effectifs… La CGT Police manifestera aussi mercredi, on s’occupe aussi des revendications de la police … »

Allez, circulez, y’a rien à voir et fermez le ban… La cégète trouve qu’il n’a pas encore assez de poulaille dans nos rues. Et la cégète appelle à rejoindre le syndicat Alliance Police le 18 mai… Ben oui, la cégète défilera aux côtés d’Alliance…

Eh ben, moi, si j’avais été le lideur de la cégète, au lieu de cette eau tiède et sans goût (et je suis polie, vous l’aurez noté), j’aurais dit :

Dites, M’sieu Pujadas, vous, je vous ai jamais vu à table avec les simples gens. Faut dire, avec vos 12 000 euros mensuels, vous n’êtes pas un sans-dents, vous, vous êtes un ouineur. Bien pour ça qu’en revanche, je vous ai vu aller au « dîners du Siècle » avec les puissants de ce monde, avec d’ailleurs, un certain Jean-Christophe Le Duigou, syndicaliste … de la CGT aux côtés de Bernard Thibaut, mais passons (bien pour ça que je ne suis pas le lideur de la cégète…!)

Et j’aurais continué : Dites, M’sieu Pujadas, ça ne vous gêne pas d’aller vous goberger avec vos petits copains quand on sait qu’en France, on peut être condamné à de la prison ferme juste parce qu’on a faim ?

Ben ouais, en France, on prend 6 mois fermes pour avoir lancé des canettes sur les robocops. Et des fois, même, on se retrouve au gnouf pour … rien, juste parce qu’un flic l’a décidé par exemple, là. Mais on monte les marches de Cannes, on est interviewé avec respect par des pisse-copie obséquieux, quand on est accusé de viol, de proxénétisme et d’abus sur mineurs (Strauss-Kahn, Polanski et maintenant Woody Allen), et on fait de la politique de « haut vol » quand on profite des mémés zinzins (le mètre et talons Sarkoléon). Par exemple.

Et dites, M’sieu Pujadas, les questions en forme d’accusation que vous me posez à moi, en avez-vous posé du même genre au dénommé Sarkozy justement, quand vous l’aviez en face de vous ? Lui avez vous demandé si les saloperies qu’il nous a débitées pendant cinq ans c’était pour séduire les électeurs Fhaine ? Vous auriez eu du mal, hein, vu que vous étiez à plat ventre sous la table.

Parce que, M’sieu Pujadas, à votre avis, les manifestations de plus en plus encadrées par les flics, voire interdites, ce serait pas plutôt ça, pas « durcir le conflit » ? Les journalistes interdits de manifs ce ne serait pas des fois comme le début de la dictature ? Interdits de manifs, tout ça sous prétexte qu’ils seraient des casseurs  ? mais alors, pourquoi ne sont-ils pas au gnouf ? Peut-être est-ce parce que les « casseurs » ne sont pas ceux qu’on croit … ?

Exemple là, il y a quelques années, et y’a pas vraiment de raison pour changer une équipe qui gagne :

C’est-y pas violent, ça ?

Et les coups de matraque sur des personnes à terre et menottées, le gazage de manifestants pacifiques, jeunes, vieux, femmes et enfants compris, partout, sur les places, dans les rues, les couloirs de métro, c’est pas violent ?

Et la « radicalisation », M’sieu Pujadas, ne serait-elle pas du côté de la clique Hollande-Valls-Cazeneuve, prétendus « socialistes » (socialistes comme moi je suis bonne sœur, ou curé), qui sous couvert de terroristes lâchés dans la nature (et qui au passage courent toujours) prévoit d’envoyer  des blindés sur la foule en cas d’émeute ? Et le 49.3, ce n’est pas un déni de démocratie, ce n’est pas une violence faite au peuple ?

Allez, M’sieu Pujadas, relisez voir la constitution de 1793 :

Article 28. – Un peuple a toujours le droit de revoir, de réformer et de changer sa Constitution.

Article 30. – Les fonctions publiques sont essentiellement temporaires ; elles ne peuvent être considérées comme des distinctions ni comme des récompenses, mais comme des devoirs.

Article 3 1. – Les délits des mandataires du peuple et de ses agents ne doivent jamais être impunis. Nul n’a le droit de se prétendre plus inviolable que les autres citoyens.

Article 32. – Le droit de présenter des pétitions aux dépositaires de l’autorité publique ne peut, en aucun cas, être interdit, suspendu ni limité.

Article 33. – La résistance à l’oppression est la conséquence des autres Droits de l’homme.

Article 34. – Il y a oppression contre le corps social lorsqu’un seul de ses membres est opprimé. Il y a oppression contre chaque membre lorsque le corps social est opprimé.

Article 35. – Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs.

Rappelez-vous, aussi, de la phrase de Dom Helder Camarra, archevêque de Recife :

« Il y a trois sortes de violence. La première, mère de toutes les autres, est la violence institutionnelle, celle qui légalise et perpétue les dominations, les oppressions et les exploitations, celle qui écrase et lamine des millions d’hommes dans ses rouages silencieux et bien huilés.

La seconde est la violence révolutionnaire, qui naît de la volonté d’abolir la première.

La troisième est la violence répressive, qui a pour objet d’étouffer la seconde en se faisant l’auxiliaire et la complice de la première violence, celle qui engendre toutes les autres.

Il n’y a pas de pire hypocrisie de n’appeler violence que la seconde, en feignant d’oublier la première, qui la fait naître, et la troisième qui la tue. »

D’façons, si j’avais été le lideur de la cégète, c’est pas chez Pujadas que j’aurais été. C’est dans la rue, avec les gens.

 

Voir les archives d’Acrimed sur le dénommé Pujadas : Lien

7 Réponses

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  1. Excellentissime ! J’approuve totalement.

    Gerard Planterose

    18 Mai 2016 at 9 h 57 min

  2. Heureusement que tu regardes la télé pour nous autres histoire de prendre le pouls de la propagande – mais je t’ai déjà dit que c’est dommageable pour ta santé.

    Merci pour le commentaire et la compilation de liens.

    gemp

    18 Mai 2016 at 14 h 33 min

  3. Bon, c’est très bien que je puisse lire un compte-rendu du téléjournal et je t’en remercie. D’autant qu’on ne s’attend pas à lire du Dom Helder Camara en conclusion. Mais faut pas t’en prendre une trop forte dose de téléjournal, ça mélancolise, ça névrose, ça rend d’humeur chagrine. C’est pas bon pour le foie et ça perturbe la digestion. Le Pujadas n’est tolérable que dilué à la neuvième centésimale car faut pas oublier que c’est du poison violent. ;o)

    Un partageux

    19 Mai 2016 at 9 h 40 min

  4. partagé ma gavrochounette. de mon côté j’essaye de commenter sur fb le fameux flic « héros » dans sa bagnole brûlée (https://youtu.be/WTGF0ZyrAjs faut regarder à partir de 3’30 ») : sur la vidéo YT, on le voit, alors que tout va « bien » encore (bon, c’est super excité autour, mais les vitres sont intactes) sortir son flingue par la fenêtre. premier truc qu’il fait, il sort le flingue…je veux dire : tu sors le flingue, tu t’attends à une réaction à la hauteur du truc, et pas à un bouquet de fleurs, il me semble. et le molotov derrière, c’est derrière et pas sur lui, et c’est un petit machin qui peine à démarrer on dirait. quant aux coups qu’il reçoit, apparemment c’est un bâton en bois enrobé de plastique bleu, bâton qui se casse, mais quand on voit le malabar, effectivement il lui suffit de lever les bras, hein ? à la fin, la bagnole brûle, mais il a fallu laisser le feu prendre gentiment sans rien faire. et puis cette génération a vraiment pas connu l’ambiance des manifs des années 70-80, quand les flics avaient aucun cellulaire pour les filmer, et qu’ils s’en donnaient vraiment à matraque-joie.
    à part ça, je m’associe à la communauté et te remercie de regarder pour nous pujadas (même si je pense que c’est pas bon pour ton hypertension)

    zozefine

    19 Mai 2016 at 11 h 21 min

  5. OK, moi, 60 ans ancien élu du personnel cgt; Pujadas ne pose QUE les questions que se posent LES Français, la grande quantité de gens qui restent aux apparences: syndicat qui fait le bazar, police qui rétablit l’ordre. Avec calme on doit accepter ce fait, ses questions sont pertinentes car les réponses sont CLAIRES et règlent le PROBLÈME. Le problème c’est un gouvernement élu par les GENS qui eux-même n’ont pas la connaissance ou la compétence de le faire. Résultat, on a le gouvernement qu’on a élu, toi, moi et les autres. Réfléchir, échanger, discuter, PARTICIPER à la vie PUBLIQUE, ne pas DÉLÉGUER stupidement, mais aller au delà de l’apparence…Synthèss: Après avoir vu l’interwiew on comprend que les questions sont erronées, car contredites par les réponses argumentées de Martinez. Bonne interwiew donc, j’attend le débat, M.L. Auditeur Qualité Sécurité Certifié (dire ce qu’on fait et faire ce qu’on dit).

    Limech Aulirou

    31 Mai 2016 at 9 h 25 min


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