Archive for the ‘économie’ Category
A qui profite « la dette » ?
Il y a déjà pas mal de temps, je vous avais parlé de l’indépendance des banques dans ce billet.
Quel est aujourd’hui le résultat de cette « indépendance » ?
Depuis la loi de 1973, dite « loi Rothschild », du nom de la banque dont était issu l’ancien président de la République, Georges Pompidou, l’État est obligé de passer par le système des banques privées pour financer son endettement.
Aujourd’hui, Emmanuel Macron, issu lui aussi de la banque Rothschild, ne compte pas remettre en cause cette loi, préférant faire des coupes claires dans les budgets sociaux pour réduire le déficit de l’État…
Depuis la loi de 1973, le Trésor public ne peut plus présenter ses propres effets à l’escompte de la Banque de France. En clair, l’État est condamné à se financer par des emprunts, contre intérêts, auprès de banques privées, au lieu de continuer à emprunter sans intérêt auprès de la Banque de France.
Comment en est-on arrivé là ? En 1973, après de 30 années de création monétaire, l’économie française était remise à flot. Dans l’esprit de l’ancien président de la République, Georges Pompidou, et des hauts fonctionnaires qui l’entouraient à l’époque, la France était désormais reconstruite suite aux destructions de la deuxième guerre mondiale.
Il semblait donc plus aussi nécessaire de laisser persister des mécanismes qui s’étaient avérés bénéfiques pour le financement de dépenses d’investissements structurels, d’autant plus que ces mécanismes de création monétaire avaient été souvent utilisés pour financer le fonctionnement courant de l’État.
Il s’agissait avant tout d’instituer un garde-fou afin de préserver le pays de l’inflation et des dévaluations de la monnaie en s’imposant une discipline budgétaire (c’est aujourd’hui le grand credo européen) Il apparut souhaitable à la fois d’encadrer les dérives potentielles de l’État et de sortir d’une ère d’économie administrée en établissant un autre système de financement. Le début de la fin des avancées du CNR.
Mais le problème, c’est que ces bonnes intentions finirent par faire le jeu du monde de la finance qui a vite vu l’intérêt qu’il pouvait retirer d’un système par lequel l’État devait obligatoirement passer pour emprunter. De ce point de vue, la loi de 1973 fut également le fruit d’un habile lobbying bancaire visant à neutraliser tous ceux qui étaient favorables au système en vigueur jusqu’ici.
Cette loi a été abrogée en 1994 mais après avoir été étendue et confortée au niveau de l’Union européenne par les traités de Maastricht (à compter du 1er novembre 1993, article 104) et Lisbonne (à compter du 1er décembre 2009, article 123) que la France applique à la lettre depuis cette date.
DOSSIER TAIPED – ETAD – GSPP – FEK / I
Pour des raisons purement informatique et facebookienne, je suis obligée de passer par ce blog pour faire un dossier GSPP/FEK/ETAD-TAIPED. Désolée pour le dérangement. Celui des lecteurs du blog et celui des membres du goupe FB dédié à la pétition (https://www.facebook.com/groups/722039637925610/).
De ce côté-ci de l’UE, les choses bougent. De nouveaux partis émergent des restes fumants de Syriza, des comités anti-memorandum se forment, il y a des manifs, et on ne risque pas de se tromper en présageant une rentrée torride. Et puis, côté pétition, le renfort inespéré de Maria Ts., à la fois helléno-francophone, chien de chasse et lanceuse d’alerte, et qui m’en a appris de bien belles en quelques conversations et quelques mails, m’a plongée à la fois dans l’usine à gaz des biens publics mis en vente par le TAIPED, mais aussi dans la plus extrême perplexité et l’envie de creuser la question, pour que notre pétition soit extrêmement bien ciblée. Lire le reste de cette entrée »
Piketty : un capitalisme sans Histoire et « à visage humain »
J’ai lu cette semaine l’article de Lordon dans le Diplo, à propos du dernier pavé (1000 pages !) de Thomas Piketty, modestement et sobrement intitulé Le capital au XXIème siècle, que j’avais commencé à lire, si, si, et qui m’est tombé des mains, tellement ce qu’il écrit est finalement convenu, et …
J’avoue que d’emblée, moi, je me méfiais, et de Piketty (se rappeler d’où il vient, où il écrit, et quels sont ses amis politiques) et de cette espèce d’unanimisme de la presse déchaînée autour de son livre, gage en soi de totale innocuité, comme pour tout ce qu’elle choisit de célébrer passionnément.
Comme le dit Lordon avec ironie, il faudrait vraiment que « le monde ait changé de base » pour que Libération, L’Obs, Le Monde, L’Expansion et aussi le New York Times, le Washington Post, etc., communient à ce degré de pâmoison en quoi que ce soit de sérieusement dérangeant.
On ne saurait mieux dire.
Et puis tiens, l’article, le v’là. Espérons que M’sieu Lordon me pardonnera de diffuser et de partager ses analyses sans son autorisation. C’est moi qui ait souligné certaines phrases en gras. C’est qu’il dit beaucoup mieux que moi ce que je pense.
Et n’oubliez pas, si vous pouvez, d’acheter Le Diplo. C’est bien le seul aujourd’hui à faire entendre une voix un peu discordante.
Hold up
C’était il y a quelques mois. A Chypre, pour renflouer les banques en faillite, les comptes bancaires des épargnants avaient été « confisqués ». Une première, mais pas la dernière…
Parce que du coup, ça a donné des idées à nos politiques (je devrais dire aux comptables qui nous gouvernent). Très discrètement, dans le silence médiatique (faut pas affoler les pigeons qui ont parfois mis des années pour mettre leurs éconocroques à l’abri, qu’ils croient), une directive européenne a été votée dans la nuit du 11 au 12 décembre 2013, elle entrera en vigueur au 1er janvier 2016.
Bon, vous me direz, à Chypre, seuls les riches qui avaient plus de 100 000 euros ont été purement et simplement volés. Pas grand risque donc pour la plupart d’entre les pauvres.
Sauf que. À Chypre, notre bonne vieille Europe et le FMI avaient aussi mis au pot : dix petits milliards d’aides. Mais imaginez, en Espagne, en Italie, ou en France, combien de milliards d’argent public il faudrait pour renflouer les banques ?
D’autant que nos dirigeants ont été prudents : cette directive interdit purement et simplement ce type d’aide, pour obliger le pays concerné à se démerder tout seul. Voilà pour la solidarité.
Et donc, tous les comptes seront concernés, le vôtre, et le mien…
Mais c’est pas tout. Le FMI aussi prépare un hold up à grande échelle. Dans son récent et (volontairement) indigeste rapport sur les « finances publiques », il propose une taxe de 10% sur l’épargne … de tout le monde.
Censément pour diminuer la dette des États, dont les banques (encore elles, évidemment) détiennent la plus grande part.
Et bien sûr, rien n’est prévu pour changer le fonctionnement délétère de cette usine à gaz. Au contraire. Les banques ont même obtenu la semaine dernière d’assouplir leur « ratio d’effet de levier » qui entrera en vigueur en janvier 2018. Ce ratio était jusqu’à présent de 3 %. En clair, pour les béotiens (dont je suis, faut pas croire) cela veut dire qu’une banque peut prendre 33 euros d’engagements pour 1 euro de liquidité… Or, si ces engagements (bons d’Etat, crédit aux entreprises et aux particuliers, portefeuille d’actions, produits dérivés, et actifs pourris) perdent 3% de leur valeur, les fonds propres de la banque sont engloutis et la banque se retrouve en faillite. On rappelle que Lehman Brothers avait un levier de 1/30 au moment de sa disparition …
Eh bien 3% c’est encore trop pour les grandes banques européennes et elles viennent d’obtenir des assouplissements de cette règle.
Les banques n’ont pas de quoi s’inquiéter, puisque de toute manière, vous et moi, et tout le monde, paiera, tôt ou tard.
La cerise sur le gâteau, pour être sûr que vous fermerez votre gueule, et que vous n’aurez pas le temps de vous sauver à Caracas, la procédure va être considérablement accélérée. Sabine Lautenschläger, la vice-présidente de la Bundesbank a déclaré récemment que la zone euro doit être capable de définir en l’espace d’un week-end un plan de refinancement et de restructuration d’une banque en difficulté.
En clair, le vendredi soir votre banque est déclarée en faillite, et le lundi matin, votre compte est siphonné de 50 %. Les vrais riches, eux, continueront à gueuler sur les impôts qui… et à placer leur fric à Singapour. Quant à vous, à part la cassette sous le matelas, je vois pas. Ou une tirelire, peut-être ?
Source :
FMI, UE, Bâle, les comptes bancaires plus que jamais menacés
« Bienvenue dans l’Angle Alpha ! »
Je ne cacherai pas longtemps une certaine inquiétude du billettiste, à l’entame de ce texte. D’abord, il s’agit d’une pièce de théâtre (qui va encore au théâtre aujourd’hui ?), un spectacle strictement parisien qui plus est ! du moins pour l’instant…
Ensuite, lorsque j’aurai dit que l’entreprise théâtrale de la scénographe (Judith Bernard) et de son inspirateur (l’économiste et philosophe Frédéric Lordon) a consisté à adapter, en le mettant en scène, un ouvrage intitulé « Capitalisme, désir et servitude. Marx et Spinoza », j’entends déjà le bruit des pas dans l’escalier de tous les fuyards potentiels !
Néanmoins, je vais tenter de retenir ton attention, lecteur éventuel, de passage par ici, et, pourquoi pas, te donner envie d’y aller voir par toi-même, un de ces soirs de janvier ou de février, un mardi ou un mercredi, au théâtre de Ménilmontant, rue du Retrait Paris 20e (ou via BilletRéduc).
Comprendre l’irrésistible ascension du FN… pour mieux la combattre ?
A ce jour nous sommes encore une majorité de citoyens à ne pas considérer le Front National comme étant « un parti comme les autres », à ne pas être dupe, ni de son ADN d’extrême droite, ni des pulsions fascisantes, anti-démocratiques et anti-républicaines de ses principaux leaders et cadres, actuels comme passés. Et c’est heureux !
Mais le FN avance sur le terrain de l’opinion publique, ses « idées » et même ses propositions se banalisent, choquent de moins en moins… ça nous inquiète, ça nous agace, ça nous divise parfois, lorsqu’il s’agit de trouver la meilleure riposte, la façon la plus efficace de porter la contradiction et de faire tomber le masque de la supercherie, de la démagogie. Plusieurs s’y sont essayés, peu ont réussi à faire reculer cette machine à produire du faux-semblant.
Dans sa livraison de décembre 2013, le magazine Sciences Humaines (n°254) consacre un dossier de six pages au Front National et aux raisons de son ascension, à la rubrique « Comprendre ».
Le magazine présente une synthèse des principales approches, analyses et conclusions que proposent les quelques chercheurs en science politique qui ont récemment renouvelé par leurs études le débat sur le FN et son évolution : « Comment expliquer le succès d’un parti qui s’est toujours situé à la marge du système politique, mais qui entend jouer les premiers rôles dans la compétition électorale ? »