LES VREGENS

2011, année de merde

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Ouf. Encore une de passée … Noël, tout ça, la débauche de bouffe, de cadeaux, des supermarchés archi-pleins… Les accidents de la route, les mecs bourrés, la famille, les dégueulis dans tous les coins… La joie, quoi.

Celle-là, elle m'a fait marrer...

L’occasion d’une petite rétrospective, sous forme de regard en arrière. 2011, c’est l’année où notre amie Sylvaine est partie. Enfin, où ses amis l’ont accompagnée à sa dernière demeure, par une froide matinée de janvier, comme on dit.

C'est avec cette image qu'elle concluait un de ses articles sur Médiapart.

L’occasion d’avoir une pensée pour la belle fille vivante qu’elle était.

Oh, elle ne fut pas toute seule, hein. Plein de gens qu’on aimait sont partis aussi, comme ça, au détour de cette année. Des connus, et d’autres.

Mohamed Bouazizi, illustre inconnu, est mort le 4 janvier. Un simple vendeur ambulant désespéré. S’il voit son pays aujourd’hui, j’espère qu’il ne regrette pas son geste. Et puis, ont suivi Ricet Barrier, et Charlie Bauer. 2011, c’est aussi l’année ou Troy Davis a été exécuté. Dans le beau pays de la démocratie.

Il a un jour été un petit garçon...

C’est aussi l’année où ont disparu Roland Dubillard (mais qui le connaît aujourd’hui, hein ?), Pierre Dumayet, un ancêtre de la télé d’avant, et puis Cesaria Evora, et l’inspecteur Colombo, et Franck Fernandel, et Annie Girardot, Edouard Glissant, Steve Jobs (lui, je m’en fous un peu), puis Robert Lamoureux et Kim Jong-Il (lui je m’en fous beaucoup), et flûte, Sidney Lumet aussi… et Raoul Ruiz, et Danielle Mitterrand, bien sûr. Et le beau Calvin Russell. Et Maria Schneider, merde, d’un cancer, à 58 ans. Comme David Servan-Schreiber, encore plus jeune. Et Tabary, le papa de Corrine et Jeannot, et la belle Liz Taylor, comme Henri Tisot, et Cora Vaucaire…

Mais 2011 a vu aussi des morts anonymes, à Fukushima, par exemple. Et là-bas, dans le « silence assourdissant » de nos médias occupés à nous faire avaler les marronniers habituels, consommez, bande de bœufs, c’est Nowel, des gens continuent à juste … disparaître. Les oiseaux se cachent pour mourir.

Et devinez qui paiera, à l’arrivée, pour tous les morts, pour la nature détruite pour des millions d’années ? pas les responsables, non, la collectivité… 

Alors, parmi les morts « célèbres », en 2011, il y a eu Oussama Ben Laden, jeté à la flotte pour pas qu’on y regarde de plus près, (et aussi sans doute, pour faire chier les musulmans, une façon d’allumer le calumet de la paix… ou un genre de loi du talion, preuve de notre grande civilité, ou de mise en place volontaire du fameux choc des civilisations) tout comme à peu près toute la tribu Khadafi. Elle aussi assez gênante aux entournures pour nos grands démocrates occidentaux, allés porter la démocratie chez les bronzés à grands coups de pied au cul et de bombes dans la gueule, le « devoir d’ingérence », ça s’appelle, tout ça, alors que chez nous, la démocratie meurt peu à peu.

En Irak par exemple, malgré les envolées lyriques des amerlocains, il ne reste plus qu’un champ de ruines. 4500 GI tués, mais combien de civils irakiens ? Pfff… Dommages collatéraux…

Dommage collatéral aussi, le prix, faramineux, de cette guerre… 

Selon le prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz, les 3 000 milliards de dollars qu’elle a coûté auraient résolu le problème de la sécurité sociale de l’Amérique pour un demi-siècle. A la place, pour être soignés, on tire les malades au sort : pile, tu gagnes, face, tu crèves…

Ou comme la famille Klein, qui a eu « la chance de passer à la télé »… Joyeux Noël, les pauvres !

Me fait penser à la formidable émission de Mermet cette semaine, consacrée à Ambroise_Croizat, dont tout le monde a oublié le nom. Ambroise Croizat, député communiste en 1939, emprisonné en forteresse en Algérie pendant toute la durée de la guerre, avec ses collègues. Revenu en France, il pesait 35 kilos. N’empêche, le gars, il a créé en six mois, après la guerre, toute l’infrastructure de la Sécurité Sociale … L’émission est là.

Ce n’est que depuis cette année que le nom d’Ambroise Croizat figure dans le Petit Larousse. Un hasard, sans doute.

Alors, après, Daniel Schneidermann peut bien titrer son émission de cette semaine , « Vendre Pif était un moyen de fourguer l’Huma dimanche » et écrire cette phrase : Le Grélé (sic) 7/13 semble représentatif de la vision de l’occupation que souhaite imposer le PC, qui souhaite minimiser la collaboration.  Ça me ferait juste marrer.

Vu que je n’ai pas entendu que le moindre communiste ait été condamné pour collaboration à la Libération… Ça me fait aussi penser au proverbe : « à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire ». Les communistes ayant disparu du paysage politique, c’est vraiment fastoche de leur taper sur la gueule…pour faire plaisir au lectorat gauche molle d’Arrêt sur Images…

2011, donc. le temps passe, et le progrès social trépasse … Je suis en train de (re) lire les Roujon-Macquart © Sarko… C’est comme le dit Serge Halimi, c’est le grand bond en arrière, et en lisant Zola, j’ai l’impression de redécouvrir les dîners du Siècle, face à la misère galopante. Les fastes de la cour de Naboléon le petit, face à la déchéance de Gervaise.

Aux Zétazunis, l’espérance de vie diminue, pour la première fois depuis … vingt-cinq ans.

En Allemagne, c’est pareil, l’espérance de vie des plus pauvres commence aussi à diminuer. L’Allemagne, jolie donneuse de leçons, tiens, elle qui a refusé de payer ses dettes… Fais ce que je dis, pas ce que je fais…

Pas grave, juste quelques petits milliards…

Mais y’a pas que dans les restes du monde. Chez nous aussi, les salariés-jetables meurent. Les intérimaires, sont victimes d’accidents du travail deux fois plus que les autres.

Hier au jité, j’ai regardé un reportage sur les Papèteries Malaucène. Vieilles de 500 ans. Restait douze salariés sur les 500 que comptait la boîte. Salariés protégés, donc invirables, hélas pour les patrons. Pas grave. Le proprio, un groupe amerlocain (qui fait pourtant des bénéfices) vient de déposer le bilan. Les salariés ne sont plus payés, ne peuvent aller aux prud’hommes (déclarés incompétents), mais ne peuvent pas non plus s’incrire au chômedu. Puisque toujours salariés. Pas grave. Quant à la dépollution du site, c’est aux contribuables qu’elle reviendra… Un article là.

Et le site de soutien ici.

Et nos « confédérations syndicales », hein ? Ben rien. Nos grands syndicalistes, pendant ce temps là, ben, ils font comme les autres : ils s’indignent. Mollement, comme Hollandréou. Tiens, l’occasion de lire le coup de gueule de Sébastien Fontenelle : Ta gueule, Bernard Thibault…

Les femmes, parlons-en. Elles qu’on va « délivrer » au Proche-Orient, sont chez nous beaucoup toujours plus chômeuses que les hommes…

Quant aux pauvres, qu’ils disparaissent. Qu’ils se cachent. Aujourd’hui, chez nous, interdit de faire les poubelles, de vendre à la sauvette, de mendier, de dormir dehors, ou même en camping… Salauds de pauvres !

Bientôt, on verra refleurir partout les bidonvilles… Le monde sera plein de parasites et de feignants payés à rien foutre…

Entendu aussi cette semaine … aujourd’hui, pour pallier le manque de médecins dans les zones rurales, il s’est trouvé quelqu’un qui a eu une idée lumineuse : une élue bourguignonne, vice-présidente de l’Agence régionale de santé, pharmacienne de formation et adjointe (socialiste, hahahaha) à la mairie de Dijon, propose de les remplacer par …  des vétérinaires…

Y’a pas à dire, les socialos craignent dégun.

D’ailleurs, tiens, à propos de « la gauche », l’un des gauchistes de Charlie Hebdo (vous savez, les pourfendeurs de muslims, comme dit l’ami Fontenelle) Bernard Maris, vient d’être nommé au Conseil de la Banque de France. 

Trop drôle, quand on sait ce qu’il est devenu. Comme quoi, avoir des amis hauts placés, c’est utile.

Pas grave, hein, c’est qu’on est libres, nous, comme dit soeur Caroline (Fourest) on n’est pas en Corée du Nord… Quoique… Ça vient…

Parce que m’est avis que ça va pas durer très longtemps. Ce matin, sur France Q, dans l’émission « L’économie en questions »,un certain Olivier Pastré, déclarait carrément que libéralisme et démocratie ne faisaient pas bon ménage. C’est vrai, ça, si en plus on demande leurs avis aux gogos, mais où va t-on ?

Pas grave, hein, en 2012, on va changer de pantin.

Merci à Chimulus

Soyez heureux. Et bonne année, bande de loosers. En attendant l’insurrection. Qui viendra peut-être. Entre deux indignations.

9 Réponses

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  1. Ha oui je l’ai entendu l’Olivier Pastré, j’ai fait un sursaut, j’étais au volant, rosement que y’avait degun sur la route.
    On est vraiment cerné‧e‧s par des salauds.
    Bon courage à toustes pour 2012

    elihah5

    1 janvier 2012 at 0 h 26 min

  2. Tiens, je ne résiste pas à l’envie de mettre cette carte de vœux reçue de l’ami JIEM92. C’est une photo qu’il a lui même prise ces jours-ci à Montpellier :

    alainbu

    1 janvier 2012 at 10 h 26 min

  3. Heu.. ces chiens m’ont l’air bien résignés : pas un pour compisser la porte de la banque !

    Sur les banques « de marbre » : celui qui orne leurs murs et fait une armure à leurs cœurs :

    BANKS ARE MADE OF MARBLE

    I’ve traveled round this country
    From shore to shining shore.
    It really made me wonder
    The things I heard and saw.

    I saw the weary farmer,
    Plowing sod and loam;
    I heard the auction hammer
    A knocking down his home.

    CHORUS:
    But the banks are made of marble,
    With a guard at every door,
    And the vaults are stuffed with silver,
    That the farmer sweated for.

    I saw the seaman standing
    Idly by the shore.
    I heard the bosses saying,
    Got no work for you no more.

    But the banks are made of marble,
    With a guard at every door,
    And the vaults are stuffed with silver,
    That the seaman sweated for.

    I saw the weary miner,
    Scrubbing coal dust from his back,
    I heard his children cryin’,
    Got no coal to heat the shack.

    But the banks are made of marble,
    With a guard at every door,
    And the vaults are stuffed with silver,
    That the miner sweated for.

    I’ve seen my brothers working
    Throughout this mighty land;
    I prayed we’d get together,
    And together make a stand.

    FINAL CHORUS:
    Then we’d own those banks of marble,
    With a guard at every door;
    And we’d share those vaults of silver,
    That we have sweated for.

    Année de merde, oui, et celle qui vient ne sent pas meilleur, vu que je ne suis pas sûr que sa petit sœur sente meilleur, au train où vont les divisions à gauche.

    Mais moi j’ai eu ma première petite fille. Super, mais quel monde lui fera-t-on ?

    athalouk

    1 janvier 2012 at 15 h 08 min

    • Ça me fait penser aux raisins de la colère, quand les banques (déjà) avaient jeté sur les routes des millions de petits paysans qui ne pouvaient plus payer.

      Avec un espoir, que tous les Tom Joad de la terre relèvent un jour la tête… Pour que ta petite-fille connaisse un monde plus beau.

      Gavroche

      1 janvier 2012 at 15 h 41 min

  4. Ah Les Raisins de la colère… l’image la plus désespérante du film est peut-être pour moi celle où Tom gueule contre le type qui vient avec son bull raser une cabane de fermier.

    Et le type de lui répondre que s’il ne le fait pas ses gosses n’auront pas à bouffer et qu’un autre le fera à sa place. Et Tom le laisse faire. Car qui est plus coupable, le chauffeur du bull ou le patron du chauffeur, ou la banque qui envoie le patron ?

    Voilà qui me renvoie à un blog de Médiapart, où l’auteur, un con de néostal’, vomit sur les ouvriers mosellans qui votent Le Pen…

    Ma ‘tite fille et ses frères ont la chance de vivre dans un coin reculé du pays, calme et tout, avec des parents attentifs et dans un milieu plus solidaire que la moyenne. C’est déjà ça de pris…

    (Ce CD de Springsteen, et comment qu’il est dans ma discothèque !)

    athalouk

    1 janvier 2012 at 18 h 09 min

    • Ben ouais, c’est à cette scène que je pensais aussi… mais dans le livre, presque au début, avant que la famille ne quitte le pays …

      Gavroche

      1 janvier 2012 at 18 h 22 min

    • Merci vous deux pour les chansons.
      J’ai vu Springsteen en 85 quand il faisait des concerts de minimum 4 heures, il repasse dans notre Bercy à nous au mois de juin, prix des places : entre 79 et 99,90 € ! Voleur !

      Félicitation à l’heureux papy 😉

      alainbu

      1 janvier 2012 at 18 h 31 min

  5. Ils vivent dans le Haut-Jura. Tout près d’une commune sur laquelle un ancien instituteur a écrit un livre. Il recopie une page d’écolier des années 1910. La maxime du début de journée : Je resterai digne et je ne m’humilierai devant personne.

    Ce n’est pas dans notre Ouest soumis à la cure et au château qu’on aurait enseigné ça aux élèves !

    athalouk

    1 janvier 2012 at 22 h 22 min

  6. […] – chroniqueur sur France Cul avec avec un autre “expert”, un dénommé Olivier Pastré, lui aussi totalement indépendant, ahem… sauf qu’il est le président de la banque IM Bank en Tunisie … si, si, et c’était déjà le cas sous Ben Ali … Du coup, on comprend mieux qu’il ait déclaré le 31 décembre dernier (ça m’avait fait grimper aux rideaux) que la démocratie et le libéralisme ne faisaient pas bon ménage… Je vous en avais causé ici. […]


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