Je veux être une vieille dame indigne

L’amie Clo nous a parlé d’ « Harry Brown », le film de Daniel Barber… Qui se passe dans la banlieue d’une grande ville. Bon, y’a Michael Caine dedans, alors je ne sais pas… Je ne l’ai pas vu, et je n’en ai pas très envie non plus, j’avoue.

Quant au père Eastwood, bon. « Dirty Harry », c’est pas trop ma tasse de thé, hein… Même si je reconnais que c’est plutôt bien foutu. Le genre « justicier dans la ville », version Charles Bronson non plus…

Et puis, hier au jité du « service public », j’ai vu un quasi publireportage au sujet d’un autre film qui vient de sortir, celui de Fred Cavayé, qui s’appelle « A bout portant »… Interviewé par le journaliste auteur du reportage, le réalisateur a raconté qu’il voulait faire un film policier aussi « bon » et « haletant » que les amerlocains…

En revanche, Clo a fait une allusion à un vieil homme indigne…

Et alors là… ça m’a fait penser à un film magnifique.

« La vieille dame indigne », de René Allio, d’après une pièce de Bertolt Brecht…

L’histoire de Madame Berthe, 70 ans aux pelotes, qui habite le quartier de l’Estaque, à Marseille, rendu célèbre depuis « Marius et Jeannette », d’un autre marseillais, Robert Guediguian …

 

Un quartier qui déjà, avait été peint par Cézanne…

Le film commence à la mort du mari de Madame Berthe. Et cette vieille dame, qui a consacré toute sa vie à son mari et à ses enfants, n’est pas du tout disposée à finir sa vie comme elle l’a commencée, dans la médiocrité et dans l’ombre des autres… Elle décide alors de vivre pour elle, enfin, et de découvrir le monde. Elle sort, se promène, même le soir. Elle va au restaurant, se lie d’amitié avec Rosalie, la jolie serveuse aux mœurs très libres, et avec les amis de celle-ci, Alphonse, par exemple, un cordonnier qui raconte avec une faconde intarissable de merveilleux voyages peut-être imaginaires.

Pour mener cette vie nouvelle, la vieille dame a besoin d’argent. Au grand dam de ses enfants, qui évidemment auraient bien aimé mettre la main sur le (petit) magot, elle vend tout, ses meubles, son argenterie, les souvenirs de sa vie passée. Elle peut alors acheter des robes à Rosalie et, un comble, s’offrir une voiture, une 2 CV, pour partir, enfin, loin, ailleurs…

Alors, la vieille dame, dans ce film, c’est Madame Sylvie, née en 1883…

C’est aussi le premier rôle de Victor Lanoux, si si, notre Louis la brocante, en blanc-bec rital, ça vaut son pesant de cacahuètes…

Le plus drôle, c’est qu’on trouve plein de vidéos sur ton tuyau, mais rien sur ce film. Rien de rien non plus sur Dailymotion… J’aurais aimé vous faire partager l’émotion, l’humour, la fraîcheur de ce film. Les images de Marseille années 60 sont extraordinaires. Les scènes dans un petit bar de l’Estaque aussi…

Alors, il reste la musique, évidemment :

C’est Jean Ferrat qui interprète la musique du film.

Il n’y a pas non plus de DVD. L’original de ce film est à la cinémathèque de Toulouse.

Ce qui me plaît à moi, dans cette histoire, c’est son petit côté libertaire, et j’en suis sûre, je serai, moi aussi une vieille dame indigne.

Comme Colette Renard